L’hypnose, de quoi parle t’on ?

Hypnose

On ne peut pas parler d’hypnose sans s’essayer à la définir.
Ma vision de l’hypnose et ma pratique concordent assez bien avec la définition proposée par Jean Godin dans son bouquin La nouvelle Hypnose, publié en 1992.

« L’hypnose est un mode de fonctionnement psychologique dans lequel un sujet (c’est vous), à l’aide d’un autre (c’est moi), parvient à faire abstraction de la réalité environnante tout en restant en relation avec son accompagnateur. Ce mode d’orientation particulière à la réalité environnante suppose un certain lâcher prise auquel on se réfère comme un état modifié de conscience. Il fait apparaître des possibilités nouvelles d’action de l’esprit sur le corps et de réaménagement psychique.»

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Ce qui me semble important à retenir

La dimension duo, avec un guide et un-une autre qui accepte, souhaite être guidée.
On pourrait parler de confiance, de collaboration, de coopération ou d’alliance. La qualité de la relation est essentielle.

L’hypnose est une technique d’activation d’un processus de focalisation qui permet au sujet d’accéder à un mode de fonctionnement inhabituel pour lui.

Ce fonctionnement inhabituel est qualifié d’état modifié de conscience, les perceptions sont modifiées, le sujet est dans un état d’être différent.

L’hypnose permet au sujet de faire différemment et ainsi d’accéder à de nouvelles ressources, de nouvelles façons de penser, d’agir et de réagir.
C’est un élargissement de son champ des possibles, plus de flexibilité retrouvée.

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Quelles hypnoses choisir ?

On voit fleurir des tas d’appellation toutes plus spécifiques les unes que les autres : l’hypnose humaniste, l’hypnose génératrice, l’hypnose Elmanienne, l’hypnose spirituelle l’hypnose rapide, …

Comme une myriade d’orientation, de croisement, de cadre qui axe, colore les hypnoses d’aujourd’hui. Pour autant, on peut tout de même distinguer deux grandes familles d’hypnose :

  • L’hypnose classique
  • L’hypnose ericksonienne
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L’hypnose classique

C’est une hypnose très directe. Elle ne marche pas avec tout le monde ; il faut être très réceptif aux suggestions.
C’est l’hypnose utilisée par Messmer et les hypnotiseurs de spectacle.
Chez les personnes très sensibles aux suggestions, le fait d’imaginer un mouvement déclenche ce même mouvement.

Une évocation d’un paysage et la personne le visualise, le ressens et peut s’immerger rapidement dedans comme si c’était pour elle une réalité.

C’est un peu comme une incroyable capacité à créer ce qui est au départ juste imaginé.
Une sorte d’imaginaire +++.
Et c’est important de dire que ce n’est certainement pas le signe d’un manque de caractère !

Selon Olivier Perrot, il semble que les personnes hypersensibles ou empathiques ont plus souvent que les autres cette super capacité.

 

Les limites du pouvoir des praticiens de l’hypnose

Ceci dit, même très suggestibles, les personnes restent en mesure de ne pas faire ce qu’elles ne souhaitent pas faire. Il leur est tout à fait possible de résister.
« Les vols, ou viols ou meurtres sous hypnose relèvent davantage de la fiction » écrit olivier Perrot dans Le charlatan éthique p19.

En vérité, l’hypnotiseur n’a sur vous que le pouvoir que vous lui accordez, même en transe très profonde, que l’on appelle transe somnambulique, vous n’êtes pas réellement endormie, vous restez conscient.

 

Quelles sont vos limites ?

Pour autant, si sous hypnose on ne peut pas vous obliger à dépasser vos limites personnelles, connaît-on vraiment ses propres limites ?

À quel point sommes-nous prêts à obéir sans réfléchir, à quel point sommes-nous prêts à nous dévêtir, à quel point pour le fun nous sommes prêts à faire le clown, la poule, sur la scène d’un show ?

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L’hypnose ericksonienne

C’est une hypnose plus douce dont l’usage est avant tout thérapeutique, au sens de prendre soin.
On est pleinement dans la relation d’aide.
Un rapport à l’autre soutenant et nourrissant pour lui permettre de retrouver au plus vite toute son autonomie et sa puissance.

L’hypnose Ericksonienne tient son nom du psychiatre américain Milton Hyland Erickson (1901/1980).
Ce dernier a révolutionné la pratique de l’hypnose.

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Milton Hyland Erickson un homme hors du commun

Son histoire de vie explique probablement en partie son parcours atypique. Il naît dans une ferme et dès son enfance, il présente différents troubles comme une grave dyslexie, une forme particulière de troubles de la vision des couleurs et de troubles de la perception auditive des rythmes… Et comme si tout cela ne suffisait pas, à 17 ans, il a une grave attaque de polio. Il raconte dans sa biographie, comment à son arrivé à l’hôpital il est révolté d’entendre, à travers la porte de sa chambre, les médecins annoncer à sa mère, sa mort imminente. En réaction il s’est concentré toute la nuit, sur le fait de voir le soleil se lever. Ce qu’il réussit !

Mais, une fois la nuit passée il bascule dans un coma de trois jours. Et à son réveil il se découvre totalement paralysé.

Et Et là encore, il va dérouter le corps médical qui prédisait qu’il ne remarcherait jamais… Pour retrouver l’usage de la marche son sens de l’observation, sa ténacité et sa curiosité l’ont grandement aidé. Histoire incroyable !

Un jour, après avoir été déposé toujours complétement paralysé sur un Rocking-chair, il constate avec surprise que le fauteuil oscille. Il se met à y réfléchir et en déduit la seule explication possible : le fauteuil, par sa configuration, amplifie un mouvement inconscient qu’il a lui-même impulsé. Il n’est donc pas totalement paralysé, ses muscles bougent, imperceptiblement, mais ils bougent.

À partir de ce jour, il reprend espoir et entreprend une longue rééducation muscle à muscle. En suivant cette logique il lui faudra une année pour retrouver l’usage de la marche.

Il entame ensuite, pendant une seconde année, un périple solitaire en canoë de plusieurs centaines de kilomètres à travers les États-Unis. Cela afin de parfaire sa rééducation et de se remuscler. Il n’avait alors pas la force suffisante pour hisser son canoë hors de l’eau. Sa légende personnelle raconte qu’il se débrouillait pour obtenir de la part des gens croisés au bord de l’eau une proposition « spontanée » d’aide pour l’aider à hisser son embarcation sur la rive. C’est-à-dire sans demander directement et franchement ce service. Il aurait ainsi entraîné sa capacité à obtenir des réponses par suggestion indirecte.

 A son retour, il est apte à entamer ses études supérieures. Bien évidemment, il choisit la médecine. C’est en 1923 à l’âge de 22 ans qu’il découvre l’hypnose grâce à un de ses enseignants. Aussitôt il se passionne pour celle-ci. Il croit y reconnaître, dans le fonctionnement des patients hypnotisés, des états particuliers qu’il a lui-même spontanément traversés, lors de ses profondes et longues introspections pour retrouver l’usage de ses muscles.

Il voue, à partir de ses 22 ans, toute sa vie à l’étude de l’hypnose : soit 58 années de travail et de recherche sur le sujet. Il nous laisse ainsi, plus qu’un héritage considérable, une révolution dans le monde de la psychothérapie.

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Les trois fondements de la révolution ericksonienne

1) L’hypnose comme un fonctionnement naturel.

Si être en hypnose c’est être en transe, alors la transe nous accompagne depuis l’aube de l’humanité. On n’en retrouve des traces dans toutes les civilisations antiques : mésopotamienne, égyptienne, grec ou encore romaine. Et finalement, l’intérêt de tout temps pour la transe repose sur les mêmes attentes qu’aujourd’hui : augmenter nos capacités physiques ou obtenir une guérison.

Si l’hypnose est un fonctionnement humain naturel depuis la nuit des temps, nous sommes donc tous également concernés. Comme Monsieur Jourdan, nous faisons déjà tous de l’auto hypnose sans le savoir. Nous traversons des transes que l’on pourrait qualifier de « commune ». Il s’agit d’une simple rêverie, d’un fonctionnement en mode automatique, d’une plongée dans vos pensées en mode méditatif, le regard dans le vide, quasi absent à votre réalité environnante.

Dans ce mode automatique fait de rêverie Erickson considère que nous sommes alors plus grandement connectés à des pensées inconscientes et à nos ressources positives non-conscientes. Erickson décide en développant des techniques particulières de cultiver et d’amplifier cet état naturel parce que, pour lui, il augmente le contact avec nos fonctionnements inconscients et permet ainsi d’accéder à des ressources particulières.

Dans l’idée qu’une partie seulement de notre cerveau est utilisée consciemment, l’hypnose est la voie pour accéder à nos ressources inconscientes.

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2) L’inconscient est considéré positivement comme un réservoir de ressources.

L’intérêt principal de recourir à l’hypnose et qu’elle nous permet d’activer nos ressources inconscientes. Erickson, nous invite à voir l’inconscient comme cette part de nous qui agit positivement et veille à notre bon fonctionnement.

Trois faisceaux de preuves à l’appui :

On dit souvent que la nuit porte conseil, notre inconscient trouve des solutions pour nous. Un mot nous échappe et c’est lorsqu’on cesse de chercher consciemment qu’il nous revient en mémoire. Quand notre cerveau conscient laisse faire, nos ressources inconscientes peuvent plus facilement être mobilisées. C’est ce que permet l’état d’hypnose.

L’inconscient est capable d’agir sur notre corps.
Nous avons tous entendu parler de gens qui ont comme transcendé la douleur du corps. Et vous aussi peut-être, non ? Une douleur que l’on ne ressent plus, un temps du moins, pour échapper à un danger. Ou de se voir capable de décupler notre force physique pour sauver un être cher.

Quand on dit « Je suis en pilote automatique », qui est ce pilote ?

C’est notre inconscient ! L’inconscient agit en permanence pour nous. Et nous lui avons délégué une bonne part de notre fonctionnement. La grande majorité des choses que nous faisons aujourd’hui avec aisance, c’est parce que c’est devenu un automatisme inconscient. On pourrait dire qu’en général, c’est l’inconscient qui conduit la voiture à notre place.

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« En résumé, faire de l’hypnose c’est cultiver une attitude de lâcher prise, dans laquelle l’inconscient va trouver des solutions, agir sur le corps, et prendre en charge nombre de fonctionnements, comme conduire la voiture et bien plus … »

Olivier Perrot- Le charlatan étique. P24

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3) L’accompagnement est orienté Solution

L’hypnose Ericksonienne, contrairement à l’approche psychanalytique s’intéresse peu au « pourquoi les problèmes » et préfère se focaliser sur « comment les solutions ».
Dit autrement, on s’intéresse au Comment aller bien au lieu de Pourquoi j’ai mal ?

C’est une véritable rupture épidémiologique dans les thérapies, une approche positive de la psychologie humaine qui s’intéresse avant tout aux ressources et aux exceptions au problème du sujet.

Pour conclure, je dirai que c’est l’intelligence de l’approche Ericksonienne qui permet à l’hypnose de connaître aujourd’hui un nouvel âge d’or.

Et plus personnellement, je dirai qu’humblement inspirée par l’approche d’Erickson, je m’intéresse positivement à vos capacités conscientes et inconscientes.

Vos capacités conscientes, en général, vous savez suffisamment bien ou très bien les mobiliser. Même si parfois ce sont-elles à l’origine de votre problème, et que vous êtes trop impliqué pour vous en rendre compte. Mais un petit coup de pouce et cela doit se résorber rapidement.

 En revanche, si vous venez me voir c’est que vous percevez que cela se joue à un autre niveau : vous pourriez faire différemment, de façon plus pertinente, plus respectueuse, plus efficace, moins douloureuse, moins rigide, moins énergivore, moins émotionnelle …, mais que seul-e pour l’instant vous n’y parvenez pas.

 Alors, en séance je vous propose que nous allions ensemble inviter votre conscient à se mettre en mode veille pour explorez comment mobiliser vos atouts inconscients et leur redonner plus de flexibilité dans votre intérêt.